Rénovation énergétique : à +2 °C, peut-on encore se permettre de gaspiller les CEE ?

Rénovation énergétique : à +2 °C, peut-on encore se permettre de gaspiller les CEE ?

L’actualité climatique est sans appel : l’objectif de limiter le réchauffement à +1,5 °C ne sera pas tenu. Selon les dernières données, la température mondiale a déjà franchi les +2 °C sur 12 mois glissants. Cette trajectoire engage des conséquences lourdes, pour les écosystèmes comme pour nos sociétés.

Dans ce contexte, chaque tonne de CO₂ évitée compte. La rénovation énergétique des bâtiments – qui représentent près d’un cinquième des émissions françaises – est l’un des leviers majeurs. Encore faut-il que les dispositifs en place soient efficaces. Or, les certificats d’économie d’énergie (CEE), tout comme MaPrimeRénov’, peinent à être utilisés à bon escient.


Des outils puissants… mais mal orientés

Sur le papier, les CEE ont tout pour réussir : ils obligent les fournisseurs d’énergie à financer des actions qui permettent de réduire durablement la consommation d’énergie. Cela inclut notamment les rénovations dans le résidentiel.

Mais dans la pratique, les CEE sont souvent mal utilisés :

  • Ils financent des mono-gestes isolés, comme l’installation de pompes à chaleur, sans analyse globale du bâti.
  • Ils encouragent des approches quantitatives (volume de travaux) plutôt que qualitatives (efficacité réelle).
  • Ils alimentent un marché opportuniste, parfois au détriment de la qualité des installations.

Pompes à chaleur : symbole d’une illusion d’efficacité

Aujourd’hui, des milliers de PAC sont posées à la hâte : modèles importés à bas coût, installation expéditive, absence d’étude thermique… Résultat :

  • Des logements restent peu performants malgré les travaux.
  • Les consommations réelles ne baissent pas suffisamment.
  • L’argent public est investi sans impact carbone significatif.

Pendant ce temps, le climat continue de se dérégler. À +2 °C, nous n’avons plus le droit à l’erreur. Les CEE ne peuvent plus servir de simples leviers financiers : ils doivent redevenir des outils de performance énergétique réelle.


Quelle direction prendre maintenant ?

Il est urgent de changer de paradigme. Cela signifie :

  • Remettre l’ambition climatique au cœur du système : conditionner les aides à une baisse réelle des émissions.
  • Privilégier les rénovations globales performantes, jusqu’à l’étiquette B.
  • Valoriser l’utilisation de matériaux durables et adaptés au bâti ancien.
  • Former et structurer les acteurs de terrain, pour garantir la qualité des travaux.

Nous avons les moyens techniques, humains et financiers. Mais il nous faut un changement de cap, car à l’heure où le climat s’emballe, continuer à investir massivement dans des gestes inefficaces serait un terrible aveu d’échec collectif.